il reconduisit ensuite les touristes à Anvers. On rentra à Bruxelles le 24 août. Le 29, excursion à Chaudfontaines jusqu’au 11 septembre.
En 1869, le 11 septembre, Victor
Hugo se rendait à Lausanne pour présider
le congrès de la paix ; après avoir
passé par Cologne, il arriva à Bâle le 12
et partit le 13 pour Lausanne. Il présida
le congrès les 14, 15, 16, 17 et 18, et se
rendit le 19 à Berne ; visita Lucerne,
Zurich, Constance, la chute du Rhin ;
revint le 1er octobre à Bruxelles, pour
apprendre la naissance de sa petite-fille
Jeanne, et rentra à Guernesey le 5 novembre.
En février 1871, après la guerre, Victor
Hugo avait été élu membre de l’Assemblée
nationale qui se réunissait à
Bordeaux. Après divers incidents relatés
dans Choses vues, il donna sa démission,
puis se rendit à Paris pour enterrer son
fils Charles ; il retourna à Bruxelles le
22 mars. Il faisait paraître le 27 mai sa
déclaration en faveur du droit d’asile
pour les vaincus de la commune.
Sa maison était aussitôt assiégée par une bande de forcenés, et il était expulsé de Bruxelles par le gouvernement belge. Le 1er juin il partait pour Luxembourg, allait à Vianden où il s’installait et restait les mois de juin, de juillet et jusqu’au 22 août. Puis il voulut visiter Thionville. Au moment où la ville était au pouvoir des Allemands, Victor Hugo avait tenu à y retrouver le souvenir de son père qui avait si vaillamment défendu la ville en 1814. Il rentrait, par Reims, à Paris, le 25 septembre.
Ce volume, comme on l’aura remarqué,
ne ressemble guère par la facture
au premier volume de voyage publié
dans cette édition. Le Rhin avait paru
du vivant de Victor Hugo. Il avait le
caractère d’une œuvre achevée, définitive.
Il était dans le goût de l’époque.
Ce goût a bien changé aujourd’hui. Le
public est devenu plus friand d’anecdotes,
de souvenirs familiers ; il veut
pénétrer dans la vie du voyageur ; et
quand ce voyageur est Victor Hugo, il
s’attache plus volontiers aux impressions
qu’aux descriptions. C’est qu’il retrouve
là comme un écho de ses propres
aventures et de ses mésaventures ; aussi
les notes d’albums et de carnets, qui se
présentent sous l’aspect de souvenirs intimes
et qui devaient sans doute être
rédigées et développées plus tard, ne perdent
rien à être publiées sous leur forme
concrète. Ce sont de petits tableaux de
mœurs, des réminiscences historiques,
des peintures de paysages à la brosse ou
bien des historiettes, les démêlés avec
les hôteliers dans le lamentable décor
des chambres d’auberge, les surprises
des tables d’hôte, les odyssées en diligence ;
ce sont des fragments interrompus,
des notes brèves ou des phrases
isolées.
Il nous a semblé que nous devions mettre sous les yeux du lecteur les pages de journal où sont confondues les impressions les plus variées, sorte de panorama de choses vues et de choses vécues, en cours de route. On s’identifie ainsi plus strictement au voyageur qui apparaît dans l’abandon du flâneur, du curieux, du critique, de l’amant de la nature et de l’ami de l’art. Ce ne sont souvent que des instantanés. Mais quelle intensité de couleur dans le raccourci ! Et puis c’est l’évocation du touriste d’autrefois promené dans les berlines, cahoté dans les pataches et dans les diligences, arpentant les routes à la recherche d’un gîte, découvrant un abri dans quelque grenier ou dans une chambre délabrée de quelque auberge borgne, à enseigne pompeuse et aussi rebelle à la propreté qu’étrangère à l’art culinaire. Victor Hugo prenait sa revanche en faisant des vers satiriques,