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généreux plaidoyer pour le triomphe de la fraternité ; et cette heureuse alliance de l’imagination et de l’observation qui produisait des tableaux d’une vie intense et colorée. C’est qu’en effet ces lettres et ces notes sont familières, amusantes, émouvantes, spirituelles, vibrantes, remplies d’idées nobles, d’impressions pittoresques, de sensations vraies avec cet imprévu qu’apporte le voyage accompli sous le régime d’une locomotion primitive ; et si vous avez parcouru jadis la France et la Belgique, les Alpes et les Pyrénées, si vous les revoyez avec les volumes de Victor Hugo en main, vous ferez, grâce à lui, des découvertes ; car nul mieux que lui ne comprenait toutes les beautés de la nature et ne scrutait avec une plus étonnante pénétration tous les détails d’une cathédrale ou tous les mystères d’une architecture. Voilà comment la critique apprécia les livres de voyage de Victor Hugo.

Ces récits qui pouvaient paraître monotones sont d’une lecture aimable et charmante parce qu’ils sont agrémentés d’anecdotes, de petites aventures et d’impressions personnelles ; Victor Hugo ayant été toujours le fervent admirateur des merveilles que, suivant son expression, Dieu fait avec du vert et du bleu, était bien le poète désigné pour nous promener dans ces paysages dont il nous révélait toutes les grandeurs en leur prêtant toutes les parures de son style. Aussi ne trouve-t-on dans la critique aucune note discordante.


I
FRANCE ET BELGIQUE.




L’Écho de Paris.

E. Lepelletier.

Évidemment ce nouveau volume ne pouvait ajouter rien à la gloire toujours rayonnante de Victor Hugo. Il fera nombre pourtant dans l’œuvre immense du géant dont la statue idéale, toujours debout, toujours immaculée, supporte avec l’impassible dédain de l’éternité les jappements du roquet de lettres qui trottine la plume en trompette ou les éructations des esthètes bourrés de leur orgueilleuse sottise qui se plaisent à lever la phrase le long des monuments.

Victor Hugo n’était pas tenu d’être toujours cramponné à la crinière de Pégase emporté ! Il lui était permis de cesser de planer et de monter dans des véhicules populaires. Dans ce volume de confidences voyageuses, Hugo ne se laisse pas emporter par les serres de l’aigle à travers les nues irritées, il prend tout bonnement, sa place tantôt sous la bâche de la diligence avec des soldats et tantôt dans la rotonde avec des nourrices.

C’est un recueil familier d’impressions, de choses perçues au croisement d’une route, en visitant une cathédrale comme Notre-Dame de Chartres, « une merveille », en faisant « philosophiquement ses six lieues à pied » de Dol à Saint-Malo, dans les pierres héroïques de ce champ de Crécy, aïeul funèbre de Waterloo et de Sedan, « où ses souliers de castor se sont crevés ».

Ses notes de voyage en France et Belgique resteront, comme le Rhin, un guide merveilleux, toujours actuel, toujours contemporain et que consulteront tous ceux qui voyagent les yeux ouverts et l’esprit en éveil.

… Le livre nouveau de Victor Hugo est une excursion charmante à prix réduit, où l’on s’arrête quand on veut, conduit par un cicérone inépuisable, aux boniments toujours inattendus et surprenants. Lire en chemin de fer ce guide du voyageur en diligence est un contraste exquis.

…Tel est ce beau livre, vivant, actuel, d’une jeunesse permanente. Il n’ajoute rien à la gloire du Maître, parce qu’il n’est pas possible de grandir ce qui a dépassé les statures permises. L’eau bout à cent degrés, l’immortalité de Victor Hugo a depuis longtemps atteint son maximum de rayonnement.


Le Tintamarre.

Léon Bienvenu.

Nous n’avons jamais cru que Victor Hugo fût mort, le grand poète étant de ceux qui