Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome I.djvu/406

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— Eh bien ? Ce monsieur ne s’en va pas ?

— Non, madame. Il dit qu’il a absolument besoin de parler à M. Victor Hugo et qu’il attendra.

Isidore s’était arrêté sur le seuil de la chambre à coucher. Pendant qu’il parlait, un homme gras, frais, vêtu d’un paletot sous lequel on voyait un habit noir, apparut à la porte derrière lui.

Madame Victor Hugo aperçut cet homme qui écoutait en silence.

— C’est vous, monsieur, qui désirez parler à M. Victor Hugo ?

— Oui, madame.

— Il est sorti.

— J’aurai l’honneur de l’attendre, madame.

— Il ne rentrera pas.

— Il faut pourtant que je lui parle.

— Monsieur, si c’est quelque chose qu’il soit utile de lui dire, vous pouvez me le confier à moi en toute sécurité, je le lui rapporterai fidèlement.

— Madame, c’est à lui-même qu’il faut que je parle.

— Mais de quoi s’agit-il donc ? Est-ce des affaires politiques ?

L’homme ne répondit pas.

— À ce propos, reprit ma femme, que se passe-t-il ?

— Je crois, madame, que tout est terminé.

— Dans quel sens ?

— Dans le sens du président.

Ma femme regarda cet homme fixement et lui dit :

— Monsieur, vous venez pour arrêter mon mari.

— C’est vrai, madame, répondit l’homme en entr’ouvrant son paletot, qui laissa voir une ceinture de commissaire de police.

Il ajouta après un silence : — Je suis commissaire de police et je suis porteur d’un mandat pour arrêter M. Victor Hugo. Je dois faire perquisition et fouiller la maison.

— Votre nom, Monsieur ? lui dit Madame Victor Hugo.

— Je m’appelle Yver.

— Vous connaissez la Constitution ?

— Oui, madame.

— Vous savez que les représentants du peuple sont inviolables ?

— Oui madame.

— C’est bien, monsieur, dit-elle froidement. Vous savez que vous commettez un crime. Les jours comme celui-ci ont un lendemain. Allez, faites.

Le sieur Yver essaya quelques paroles d’explication ou pour mieux dire