Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome I.djvu/413

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— Dans la rue de Cotte.

— Où est le café Roysin ?

— Droit devant nous.

— Allez-y.

Il se remit à marcher, mais au pas. Une nouvelle détonation éclata, celle-ci très près de nous, l’extrémité de la rue se remplit de fumée ; nous passions en ce moment-là devant le numéro 22, qui a une porte bâtarde au-dessus de laquelle je lisais : PETIT LAVOIR.

Subitement une voix cria au cocher :

— Arrêtez.

Le cocher s’arrêta, et, la vitre du fiacre étant baissée, une main se tendit vers la mienne. Je reconnus Alexandre Rey.

Cet homme intrépide était pâle.

— N’allez pas plus loin, me dit-il, c’est fini.

— Comment, fini ?

— Oui, on a dû avancer l’heure ; la barricade est prise, j’en arrive. Elle est à quelques pas d’ici, devant nous.

Et il ajouta :

— Baudin est tué.

La fumée se dissipait à l’extrémité de la rue.

— Voyez, me dit Alexandre Rey.

J’aperçus, à cent pas devant nous, au point de jonction de la rue Cotte et de la rue Sainte-Marguerite, une barricade très basse que les soldats défaisaient. On emportait un cadavre.

C’était Baudin.