avec de faux passeports, sans doute pour se mettre à la tête d’un soulèvement, etc., etc., et qu’enfin il demandait au gouvernement ce qu’il fallait faire des deux prisonniers.
Au bout d’une heure la réponse arriva : – Laissez-les continuer leur chemin.
La police s’aperçut que, dans un élan de zèle, elle avait poussé la profondeur jusqu’à la bêtise. Cela arrive quelquefois.
Le convoi suivant emmena les prisonniers remis, non en liberté, mais à leurs gardiens.
On passa Quiévrain.
On descendit de wagon, puis on y remonta.
Quand le convoi repartit, Charras poussa le profond soupir joyeux d’un homme délivré, et dit : – Ah ! enfin !
Il leva les yeux et aperçut ses deux geôliers à côté de lui.
Ils étaient montés derrière lui dans le wagon.
— Ah çà, leur dit-il, c’est vous !
De ces deux hommes il n’y en avait qu’un qui parlait. Celui-là répondit :
— Mais oui, mon colonel.
— Qu’est-ce que vous faites ici ?
— Nous vous gardons.
— Mais nous sommes en Belgique.
— C’est possible.
— La Belgique n’est pas la France.
— Ah ! cela se peut.
— Mais si je mettais la tête hors du wagon, si j’appelais, si je vous faisais arrêter, si je réclamais ma liberté ?
— Vous ne feriez pas tout ça, mon colonel.
— Comment feriez-vous pour m’en empêcher ?
L’agent montra le pommeau d’un pistolet et dit :
— Voilà.
Charras prit le parti d’éclater de rire et leur demanda :
— Mais où donc me lâcherez-vous ?
— A Bruxelles.
— C’est-à-dire qu’à Bruxelles vous me tirerez un coup de chapeau, mais qu’à Mons vous me tireriez un coup de pistolet.
— Comme vous dites, mon colonel.
— Au fait, dit Charras, cela ne me regarde pas. C’est l’affaire du roi Léopold. Le Bonaparte traite les territoires comme il a traité les représentants. Il a violé l’Assemblée, il viole la Belgique. Mais c’est égal, vous êtes tous un ramassis d’étranges coquins. Celui qui est en haut est fou,