Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Philosophie, tome I.djvu/97

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Et plus loin encore, Phocion mourant, qui se promène durant tout le cinquième acte au milieu de la sédition, se rencontre avec sa fille Chrysis, et il s’occupe, en bon père, à lui chercher un mari. Le passage est réellement curieux. Savez-vous sur qui son choix s’arrête ? Sur le fils du tyran. Il semble, comme dit le proverbe, qu’il n’y a qu’à se baisser et en prendre.

Et voulant, en mourant, vous choisir un époux,
Je ne trouve que lui qui soit digne de vous.

La réponse de la fille est peut-être encore plus singulière :

Qu’entends-je ! ô ciel ! seigneur, m’en croyez-vous capable ?
Je ne vous cèle point qu’il me paraît aimable.

C’est cette même Chrysis qui, voyant mourir son père et son amant, trop bien élevée pour les suivre, s’écrie avec une naïveté si touchante :


                             O fortune contraire,
J’ose, après de tels coups, défier ta colère !

Elle s’en va, et la toile tombe. En pareil cas Corneille est sublime, il fait dire à Eurydice :

    Non, je ne pleure pas, madame, mais je meurs.

En 1793, la France faisait front à l’Europe, la Vendée tenait tête à la France. La France était plus grande que l’Europe, la Vendée était plus grande que la France.


Décembre 1820.

Le tout jeune homme qui s’éveille de nos jours aux idées politiques est dans une perplexité étrange. En général, nos pères sont bonapartistes, nos mères sont royalistes.

Nos pères ne voient dans Napoléon que l’homme qui leur donnait des épaulettes ; nos mères ne voient dans Buonaparte que l’homme qui leur prenait leurs fils.