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ODE TROISIÈME.

LA BANDE NOIRE.


Voyageur obscur, mais religieux, au travers des ruines de la patrie… je priais.
Ch. Nodier.


I

 
« Ô murs ! ô créneaux ! ô tourelles !
Remparts ! fossés aux ponts mouvants !
Lourds faisceaux de colonnes frêles !
Fiers châteaux ! modestes couvents !
Cloîtres poudreux, salles antiques,
Où gémissaient les saints cantiques,
Où riaient les banquets joyeux !
Lieux où le cœur met ses chimères !
Églises où priaient nos mères,
Tours où combattaient nos aïeux !

« Parvis où notre orgueil s’enflamme !
Maisons de Dieu ! manoirs des rois !
Temples que gardait l’oriflamme,
Palais que protégeait la croix !
Réduits d’amour ! arcs de victoires !
Vous qui témoignez de nos gloires,
Vous qui proclamez nos grandeurs !
Chapelles, donjons, monastères !
Murs voilés de tant de mystères,
Murs brillants de tant de splendeurs !