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ODES ET BALLADES.

D’un trône et d’un autel les splendeurs s’y répondent ;
Des festons de flambeaux confondent
Leurs rayons purs dans le saint lieu ;
Le lys royal s’enlace aux arches tutélaires ;
Le soleil, à travers les vitraux circulaires,
Mêle aux fleurs des roses de feu.

V



Voici que le cortège à pas égaux s’avance.
Le pontife aux guerriers demande Charles Dix.
L’autel de Reims revoit l’oriflamme de France
Retrouvée aux murs de Cadix.
Les cloches dans les airs tonnent ; le canon gronde ;
Devant l’aîné des rois du monde
Tout un peuple tombe à genoux ;
Mille cris de triomphe en sons confus se brisent ;
Puis le roi se prosterne, et les évêques disent :
— « Seigneur, ayez pitié de nous !

« Celui qui vient en pompe à l’autel du Dieu juste,
C’est l’héritier nouveau du vieux droit de Clovis,
Le chef des douze pairs, que son appel auguste
Convoque en ces sacrés parvis.
« Ses preux, quand de sa voix leur oreille est frappée,
Touchent le pommeau de l’épée,
Et l’ennemi pâlit d’effroi ;
Lorsque ses légions rentrent après la guerre,
Leur marche pacifique ébranle encor la terre :
Ô Dieu ! prenez pitié du roi !

Car vous êtes plus grand que la grandeur des hommes !
Nous vous louons, Seigneur, nous vous confessons Dieu !
Vous nous placez au faîte, et dès que nous y sommes,
À la vie il faut dire adieu !