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ODES ET BALLADES.

Et l’aigle impérial planant sur son pavois ;
Il entendait d’avance, en sa superbe attente,
L’hymne qu’en toute langue, aux portes de sa tente,
Son peuple universel chantait tout d’une voix :

III

acclamation.



« Gloire à Napoléon ! gloire au maître suprême !
Dieu même a sur son front posé le diadème.
Du Nil au Borysthène il règne triomphant.
Les rois, fils de cent rois, s’inclinent quand il passe,
Et dans Rome il ne voit d’espace
Que pour le trône d’un enfant !

« Pour porter son tonnerre aux villes effrayées,
Ses aigles ont toujours les ailes déployées.
Il régit le conclave, il commande au divan.
Il mêle à ses drapeaux, de sang toujours humides,
Des croissants pris aux Pyramides,
Et la croix d’or du grand Ivan !

« Le mamelouk bronzé, le goth plein de vaillance,
Le polonais, qui porte une flamme à sa lance,
Prêtent leur force aveugle à ses ambitions.
Ils ont son vœu pour loi, pour foi sa renommée.
On voit marcher dans son armée
Tout un peuple de nations !

« Sa main, s’il touche un but où son orgueil aspire,
Fait à quelque soldat l’aumône d’un empire,
Ou fait veiller des rois au seuil de son palais,
Pour qu’il puisse, en quittant les combats ou les fêtes,
Dormir en paix dans ses conquêtes,
Comme un pêcheur sur ses filets !