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ODES ET BALLADES.


Des révolutions j’ouvrais le gouffre immonde ?
C’est qu’il faut un chaos à qui veut faire un monde ;
C’est qu’une grande voix dans ma nuit m’a parlé ;
C’est qu’enfin je voulais, menant au but la foule,
Avec le siècle qui s’écoule
Confronter le siècle écoulé.

Le génie a besoin d’un peuple que sa flamme
Anime, éclaire, échauffe, embrase comme une âme.
Il lui faut tout un monde à régir en tyran.
Dès qu’il a pris son vol du haut de la falaise,
Pour que l’ouragan soit à l’aise,
Il n’a pas trop de l’océan !

C’est là qu’il peut ouvrir ses ailes ; là, qu’il gronde
Sur un abîme large et sur une eau profonde ;
C’est là qu’il peut bondir, géant capricieux,
Et tournoyer, debout dans l’orage qui tombe,
D’un pied s’appuyant sur la trombe,
Et d’un bras soutenant les cieux !


26 mai 1828.