Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
LE CHANT DU TOURNOI.

Tout nous promet une fête
Digne des regards du roi.
La reine, à ce jour suprême,
A de son épargne même
Consacré douze deniers,
Et, pour l’embellir encore,
Racheté des fers du Maure
Douze chrétiens prisonniers.

Or, comme la loi l’ordonne,
Chevaliers au cœur loyal,
Avant que le clairon sonne,
Écoutez l’édit royal.
Car, sans l’entendre en silence,
Celui qui saisit la lance
N’a plus qu’un glaive maudit.
Croyez ces conseils prospères !
C’est ce qu’ont dit à vos pères
Ceux à qui Dieu l’avait dit !

D’abord, des saintes louanges
Chantez les versets bénis,
Chantez Jésus, les archanges,
Et monseigneur saint Denis !
Jurez sur les évangiles
Que, si vos bras sont fragiles,
Rien ne ternit votre honneur ;
Que vous pourrez, s’il se lève,
Montrer au roi votre glaive,
Comme votre âme au Seigneur !

D’un saint touchez la dépouille !
Jurez, comtes et barons,
Que nulle fange ne souille
L’or pur de vos éperons !
Que de ses vassaux fidèles,
Dans ses noires citadelles,