Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/432

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» Trésors, honneurs, et cætera ;
» Surtout, expliquons-nous sans trouble
» La première qui parlera
» Aura tout ce qu’elle voudra
» La seconde en aura le double. »
Vous jugez dans quel embarras
Ce discours mit nos deux luronnes ;
Avares, envieux, que faire en un tel cas ?
Chacune des deux sœurs en murmura tout bas :
« Que me font, ô Désir ! tes trésors, tes couronnes ?
» Que m’importent ces biens que m’accorde ta loi ?
» Une autre en aura plus que moi ! »
Et chacune, à ce mot funeste,
D’hésiter sans savoir pourquoi.
Le Désir, dieu léger et leste,
Les donne au diable, jure, peste,
Et s’indigne de rester coi.
L’Envie enfin, toujours implacable et cruelle,
Regarde sa sœur en grondant,
Puis, tout à coup, se décidant
« Que l’on m’arrache un œil, dit-elle. »


1er  Novembre 1817