Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/214

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Tu sera bien chez nous ! — couché sous ta colonne,
Dans ce puissant Paris qui fermente et bouillonne,
Sous ce ciel, tant de fois d’orages obscurci,
Sous ces pavés vivants qui grondent et s’amassent,
Où roulent les canons, où les légions passent ; —
Le peuple est une mer aussi.

S’il ne garde aux tyrans qu’abîme et que tonnerre,
Il a pour le tombeau, profond et centenaire
(La seule majesté dont il soit courtisan),
Un long gémissement, infini, doux et sombre,
Qui ne laissera pas regretter à ton ombre
Le murmure de l’océan !


9 octobre 1830.