Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/611

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Les uns armés d’un glaive et les autres d’un livre, Ceux-ci montrant du doigt la route qu’il faut suivre, Ceux-là forçant la cause à sortir de l’effet ; L’artiste ayant un rêve et le savant un fait ; L’un a trouvé l’aimant, la presse, la boussole, L’autre un monde où l’on va, l’autre un vers qui console. Ce roi, juste et profond, pour l’aider en chemin, A pris la liberté franchement par la main ; Ces tribuns ont forgé des freins aux républiques ; Ce prêtre, fondateur d’hospices angéliques, Sous son toit, que réchauffe une haleine de Dieu, A pris l’enfant sans mère et le vieillard sans feu, Ce mage, dont l’esprit réfléchit les étoiles, D’Isis l’un après l’autre a levé tous les voiles ; Ce juge, abolissant l’infâme tombereau, A raturé le code à l’endroit du bourreau ; Ensemençant, malgré les clameurs insensées, D’écoles les hameaux et les cœurs de pensées, Pour nous rendre meilleurs ce vrai sage est venu ; En de graves instant cet autre a contenu, Sous ses puissantes mains à la foule imposées, Le peuple, grand faiseur de couronnes brisées ; D’autres ont traversé sur un pont chancelant, Sur la mine qu’un fort recélait en son flanc, Sur la brèche par où s’écroule une muraille, Un horrible ouragan de flamme et de mitraille ; Dans un siècle de haine, âge impie et moqueur, Ceux-là, poètes saints, ont fait entendre en chœur, Aux sombres nations que la discorde pousse, Des champs et des forêts la voix auguste et douce ; Car l’hymne universel éteint les passions ; Car c’est surtout aux jours des révolutions, Morne et brûlant désert où l’homme s’aventure, Que l’art se désaltère à ta source, ô nature ! Tous ces hommes, cœurs purs, esprits de vérité, Fronts où se résuma toute l’humanité, Rêveurs ou rayonnants, sont debout dans l’histoire,