Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/619

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Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir.
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou… —
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

« Le roi disait en la voyant si belle
À son neveu :
— Pour un baiser, pour un sourire d’elle,
Pour un cheveu,
Infant don Ruy, je donnerais l’Espagne
Et le Pérou ! —
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

« Je ne sais pas si j’aimais cette dame,
Mais je sais bien
Que pour avoir un regard de son âme,
Moi, pauvre chien,
J’aurais gaîment passé dix ans au bagne
Sous le verrou… —
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

« Un jour d’été que tout était lumière,
Vie et douceur,
Elle s’en vint jouer dans la rivière
Avec sa sœur,
Je vis le pied de sa jeune compagne
Et son genou… —
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

« Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
De ce canton,
Je croyais voir la belle Cléopâtre,