Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/620

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qui, nous dit-on,
Menait César, empereur d’Allemagne,
Par le licou… —
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

« Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe !
Sabine, un jour,
À tout vendu, sa beauté de colombe,
Et son amour,
Pour l’anneau d’or du comte de Saldagne,
Pour un bijou… —
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

« Sur ce vieux banc souffrez que je m’appuie,
Car je suis las.
Avec ce comte elle s’est donc enfuie !
Enfuie, hélas !
Par le chemin qui va vers la Cerdagne,
Je ne sais où… —
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

« Je la voyais passer de ma demeure,
Et c’était tout.
Mais à présent je m’ennuie à toute heure,
Plein de dégoût,
Rêveur oisif, l’âme dans la campagne,
La dague au clou… —
Le vent qui vient à travers la montagne
M’a rendu fou ! »


14 mars 1837.