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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome IX.djvu/226

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RELIGIONS ET RELIGION.

VI

LES MAINS LEVÉES AU CIEL.

*

Ciel, laisse-moi tout dire ! Ô ciel, source des êtres,
Tu vois mon âme ; il faut que je parle à ces prêtres.



VII

CHEF-D’ŒUVRE.

*

Vous prêtez au bon Dieu ce raisonnement-ci :

— J’ai, jadis, dans un lieu charmant et bien choisi
Mis la première femme avec le premier homme ;
Ils ont mangé, malgré ma défense, une pomme ;
C’est pourquoi je punis les hommes à jamais.
Je les fais malheureux sur terre, et leur promets
En enfer, où Satan dans la braise se vautre,
Un châtiment sans fin pour la faute d’un autre.
Leur âme y tombe en flamme et leur corps en charbon.
Rien de plus juste. Mais, comme je suis très bon,
Cela m’afflige. Hélas ! comment faire ? Une idée !
Je vais leur envoyer mon fils dans la Judée ;
Ils le tueront. Alors, — c’est pourquoi j’y consens, —
Ayant commis un crime, ils seront innocents.
Leur voyant ainsi faire une faute complète,
Je leur pardonnerai celle qu’ils n’ont pas faite ;
Ils étaient vertueux, je les rends criminels ;