III
RIEN.
Mais quelqu’un me vient-il en aide, ô nuit farouche ?
J’écoutais, j’entendis. Ombre obscure ! Une bouche
Parlait, et dégageait de la brume en parlant.
— « La croyance est une hydre et vous ronge le flanc.
Niez tout. Ô vivants, l’atome sort, puis rentre.
Pas de ciel, pas d’enfer. L’ombre éparse. Aucun centre.
Rien n’existe en deçà, rien n’existe au de la.
Tout meurt. Dormez. »
Ainsi l’étrange voix parla.
Ô nuit ! qu’est-ce que c’est que cet auxiliaire ?
Mais écoutons. La voix poursuit.
« Ô fourmilière,
Ô foule, ô genre humain ! L’homme flotte, et c’est tout.
Cette apparence d’être est un moment debout ;
Il palpite le temps d’être inique, funeste,
Méchant, obscène, aveugle ; et qu’est-ce qu’il en reste ?
La terre le reprend et dit : A-t-il été ?
Et la terre elle-même est-elle ? Ô cécité !
Ténèbres ! Vous nommez ces feux follets des âmes ?
C’est du néant. Passant, qu’est-ce que tu réclames ?
« Homme, tu n’as à toi que l’heure où tu te meus,
Triste ou gai, sage ou fou, dans l’affreux tout brumeux !