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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.

Je suis le ver. Je suis tange et cendre. O ténèbres,
Je règne. Monuments, entassements célèbres,
Panthéons, Rhamséïons,
Façades de l’immense orgueil humain, si fières
Que l’homme devant vous doute s’il voit des pierres
Ou s’il voit des rayons,

Sanctuaires chargés d’astres et d’empyrées,
Splendides profondeurs de colonnes dorées,
Vaste enceinte d’Assur,
Mur où Nemrod cloua l’hippanthrope Phœanthe,
Et dont la ronde tour, sous les oiseaux béante,
Leur semble un puits obscur,

Terrasses de Theglath, avec vos avenues
Augustes par deux rangs de sphinx aux gorges nues,
Cirque d’Anthrops-le-Noir
Si beau que, résistant à l’heure qui s’arrête,
Les chevaux du soleil, cabrés, baissent la tête
Pour tâcher de te voir !

Jardins, frontons ailés aux larges envergures.
Portiques, piédestaux qui portez des figures
Au geste souverain,
Et qui, du haut des caps que votre masse encombre,
Ajoutez à la mer vaste et sinistre l’ombre
Des déesses d’airain,

Acropole où l’on vient des confins de la terre,
Tour du Bœuf, où Jason, raillant le Sagittaire,
Vint sonner du buccin.
Qui fais aux voyageurs, vains comme les abeilles