Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome V.djvu/273

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Parce que l’astre luit, l’homme aurait tort de croire
Que le ver du tombeau n’atteint pas cette gloire ;
Hors moi, rien n’est réel ;
Le ver est sous l’azur comme il est sous le marbre ;
Je mords, en même temps que la pomme sur l’arbre,
L’étoile dans le ciel.

L’astre à ronger là-haut n’est pas plus difficile
Que la grappe pendante aux pampres de Sicile ;
J’abrége les rayons ;
L’éternité n’est point aux splendeurs complaisante ;
La mouche, la fourmi, tout meurt, et rien n’exempte
Les constellations.

Il faut, dans l’océan d’en haut, que le navire
Fait d’étoiles s’entr’ouvre à la fin, et chavire ;
Saturne au large anneau
Chancelle, et Sirius subit ma sombre attaque,
Comme l’humble bateau qui va du port d’Ithaque
Au port de Calymno.

Il est dans le ciel noir des mondes plus malades
Que la barque au radoub sur un quai des Cyclades ;
L’abîme est un tyran ;
Arcturus dans l’éther cherche en vain une digue ;
La navigation de l’infini fatigue
Le vaste Aldebaran.

Les lunes sont, au fond de l’azur, des cadavres ;
On voit des globes morts dans les célestes havres
Là-haut se dérober ;
La comète est un monde éventré dans les ombres
Qui se traîne, laissant de ses entrailles sombres
Sa lumière tomber.
Regardez l’abbadir et voyez le bolide ;
L’un tombe, et l’autre meurt ; le ciel n’est pas solide ;