Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/119

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Et court par les bois, sylphide
Toute parée, en dépit
De la griffe qui, perfide,
Dans les ronces se tapit.

Oh ! ces anges de la terre !
Pensifs, nous les décoiffons ;
Nous adorons le mystère
De la robe aux plis profonds.

Jadis Vénus sur la grève
N’avait pas l’attrait taquin
Du jupon qui se soulève
Pour montrer le brodequin.

Les antiques Arthémises
Avaient des fronts élégants,
Mais n’étaient pas si bien mises
Et ne portaient point de gants.

La gaze ressemble au rêve ;
Le satin, au pli glacé,
Brille, et la toilette achève
Ce que l’œil a commencé.

La marquise en sa calèche
Plaît, même au butor narquois,
Car la grâce est une flèche
Dont la mode est le carquois.

L’homme, sot par étiquette,
Se tient droit sur son ergot ;
Mais Dieu créa la coquette
Dès qu’il eut fait le nigaud.