Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/306

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Cheval, devance l’aquilon,
Toi, la raison et la folie,
L’échappé du bois d’Apollon,
Le dételé du char d’Élie !

Vole au-dessus de nos combats,
De nos succès, de nos désastres,
Et qu’on aperçoive d’en bas
Ta forme sombre sous les astres.


II


Mais il n’est plus d’astre aux sommets !
Hélas, la brume sur les faîtes
Rend plus lugubre que jamais
L’échevèlement des prophètes.

Toi, brave tout ! qu’au ciel terni
Ton caprice énorme voltige ;
Quadrupède de l’infini,
Plane, aventurier du vertige.

Fuis dans l’azur, noir ou vermeil.
Monstre, au galop, ventre aux nuages !
Tu ne connais ni le sommeil,
Ni le sépulcre, nos péages.

Sois plein d’un implacable amour.
Il est nuit. Qu’importe. Nuit noire.
Tant mieux, on y fera le jour.
Pars, tremblant d’un frisson de gloire.