Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/96

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Pour mon vers, que l’air secoue,
Les pommiers sont suffisants ;
Et mes bergers, je l’avoue,
Ami, sont des paysans.

Mon idylle est ainsi faite ;
Franche, elle n’a pas besoin
D’avoir dans son miel l’Hymète
Et l’Arcadie en son foin.

Elle chante, et se contente,
Sur l’herbe où je viens m’asseoir,
De l’haleine haletante
Du bœuf qui rentre le soir.

Elle n’est point misérable
Et ne pense pas déchoir
Parce qu’Alain, sous l’érable,
Ôte à Toinon son mouchoir.

Elle honore Théocrite ;
Mais ne se fâche pas trop
Que la fleur soit Marguerite
Et que l’oiseau soit Pierrot.

J’aime les murs pleins de fentes
D’où sortent les liserons.
Et les mouches triomphantes
Qui soufflent dans leurs clairons ;

J’aime l’église et ses tombes,
L’invalide et son bâton ;
J’aime, autant que les colombes
Qui jadis venaient, dit-on,