Ah ! tu crois, baron de peu de sens,
Que cette neige-là cache celle des ans !
Mais j’ai dix lustres !
Soit. Bel âge !
Mais je ne serai pas un Géronte frivole.
C’est assez d’avoir cru trop longtemps au matin.
Hélas ! c’est triste. Avoir arrangé son destin,
Son cœur, ses goûts, sa vie éclatante et sonore,
Pour être à tout jamais la jeunesse, l’aurore,
L’aube, et voir sur son front monter la sombre nuit !
Ah ! je conviens que l’âge à la jeunesse nuit.
Être jeune est le ciel. Rester jeune…
Un ridicule à moi ! J’aimerais mieux un crime.
Oh ! qui que vous soyez, devant Lise ou Ninon,
Tenez-vous bien, soyez moqueur et fort, sinon
Vous verrez bientôt poindre une belle hargneuse.
Le méprisant peut seul braver la dédaigneuse.
Surtout, méfions-nous des scènes que nous font
Ces belles, et des cris, et de leur art profond
De s’irriter, de fondre en pleurs, d’être hardies,
Et ne nous laissons pas prendre à leurs comédies.
Plutôt livrer ma vie au tigre libyen
Qu’à la femme ! — À propos, mon anneau, tu sais bien ?
Ma bague empoisonnée ?
Qui contient un poison.