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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XI.djvu/324

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Et je suis encor vous, même en dehors de vous.

Entre les brutes, foule, et les anges, élite,
Il est sur chaque terre et chaque satellite,
Un être à part ; pensée et chair matière esprit ;
Page mixte du livre où la nature écrit,
Dernier feuillet du Monstre et premier du Génie ;
Créature où la fange et l’or font l’harmonie,
Dans la bête à moitié, dans l’idée à demi,
Flamme accouplée avec le corps son ennemi,
Double rayon tordu d’ombre et d’aube ravie,.
Mystère ; ayant un pied, dans l’échelle de vie,
Sur une fin, un pied sur un commencement ;
Cet être comparant, sentant, voyant, aimant,
C’est l’homme. Que la mort conserve, accroisse ou fauche
Cet à peu près sublime et ce chef-d’œuvre ébauche,
Qu’il ait ce qu’il appelle une âme, en ce moment
Je ne t’en parle pas, je te dis seulement
Que partout l’homme existe, étant un milieu d’êtres.
Il vit près des soleils, foyers, astres ancêtres.
Sur des terres qui sont plus ou moins loin du feu,
Il vit, domptant son globe ; il est grand, il est peu ;
Par la forme divers, mais un par sa nature ;
Il a l’hydre animal et plante pour ceinture ;
Il est sur le sommet de son visible à lui ;
Et, larve ou deux lueurs se croisent, point d’appui
De tout un phénomène, identique à lui-même,
Marque partout le même étage du problème ;
Entre l’aile, et le ventre il est l’être debout ;
Il est partout le roi planétaire ; partout
Il possède et régit l’astre — intermédiaire
Entre l’ombre et le grand soleil incendiaire.
Car tout globe qui tourne autour d’une clarté
Est planète de loin, de près humanité.
Or, — puisque jusqu’a moi ton œil plonge et pénètre,
C’est moi qui suis l’esprit collectif de cet être,