Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XI.djvu/325

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Partout ; sous toute forme, et dans l’immensité.
Tu n’es qu’homme, ô passant ; je suis humanité.
L’être effrayant, planant dans l’ombre inaccessible,
Ajouta : .

— Nul ne doit sortir de son possible.
Nul ne doit transgresser son réel. Cependant
Je veux, puisque tu viens dans cette ombre, imprudent,
Faire une exception pour toi que je rencontre.
Quel que soit ton dessein, va ! je n’irai pas contre ;
Homme, je consens même à contenter tes vœux.
Etant de l’infini, je peux e que je veux ;
Ma main peut ouvrir tout puisqu’elle peut tout clore ;
Qui puise de, la nuit peut puiser de l’aurore,
Et ce que tu voudras, je te l’accorderai.
Que demandes-tu ? parle.

Et dans l’effroi sacré
Je me taisais ; roseau ployant, vil brin de chaume.

— Tu n’es pas jusqu’ici venu, dit le fantôme,
Pour ne pas demander quelque chose. Voyons,
Parle. Veux-tu des feux, des nimbes, des rayons ?
Que veux-tu de ce gouffre où, lorsque je me penche,
La colombe nuée accourt, farouche et blanche ?
Veux-tu savoir le fond du serpent, ou du ver ?
Veux-tu que je t’emporte avec moi dans l’éther ?
Je t’obéirai. Parle. Ou faut-il qu’on te montre
Comment l’aurore arrive, et vient à la rencontre
Du parfum de la fleur et du chant des oiseaux ?
Veux-tu que nous prenions la tempête aux naseaux,
Et que nous nous roulions tous deux dans la tourmente,