Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Les révolutions, ces grandes affranchies,
Sont farouches, étant filles des monarchies.

Donc, quand le genre humain voulut, enfin lassé,
Entrer dans l'avenir et sortir du passé,
Il n'aperçut pas d'autre ouverture que celle
Qui s'offrait, sous ce fer où l'éclair étincelle,
Entre ces deux poteaux, chambranles effrayants.

Oui, c'est la seule issue, hommes, troupeaux fuyants;
Sortez par ce sépulcre. O mystère insondable!
Hélas! c'est du passé la porte formidable,!
Entrez dans l'avenir par ce pas sépulcral.
C'est à travers le mal qu'il faut sortir du mal.
Le genre humain, pour fuir de la sanglante ornière,
Marche sur une tête humaine, la dernière;
C'est avec de l'enfer qu'il commence ses cieux;
Et l'homme en écrasant le monstre est monstrueux.

Eruption des droits de l'homme! Sombres laves!
Sortie exaspérée et fauve des esclaves!
Triste loi du reflux qui ne peut dévier!
Lugubre enfantement du Vingt-et-un-Janvier 19!
Tout un monde surgit, tout un monde s'écroule;
Fiacre horrible qui passe au milieu de la foule!
Sacerdoce et Pouvoir sont là; que disent-ils?
Morne chuchotement de ces deux noirs profils!
Pendant qu'autour d'eux gronde, éclate et se proclame
La révolte du peuple et l'émeute de l'âme,