Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/108

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ux.
On fuit le pauvre ainsi qu'on fuyait le lépreux;
Pour Tircis sans le sou Philis est peu clemente,
Et l'amant dédoré n'éblouit point l'amante;
Il sied d'être Rothschild avant d'être Saint-Preux.

N'importe, je m'obstine; et j'ai l'audace étrange
D'être pauvre et d'aimer, et je vous veux, bel ange;
Car l'ange n'est complet que lorsqu'il est déchu;
Et je vous offre, Églé, &iletière étonnée,
Tout ce qu'une âme, helas, vers l'infini tournée,
Mêle de rêverie aux rondeurs d'un fichu.

9 décembre.

III

Une étoile du ciel me parlait; cette vierge
Disait: -« O descendant crotté des Colletets,
J'ai ri de tes sonnets d'hier où tu montais
Jusqu'à la blonde Eglé, fille de ton concierge.

« Églé fait -j'en pourrais jaser, mais je me tais -
Des rêves de velours sous ses rideaux de serge.
Tu perds ton temps. Maigris, fais des vers, brûle un cierge,
Chante-la; ce sera comme si tu chantais.

Un galant sans argent est un oiseau sans aile.
Elle est trop haut pour toi. Les poètes sont fous.
Jamais tu n'atteindras jusqu'à cette donzelle. » -

Et je dis à l'étoile, à.l'étoile aux yeux doux:
-Mais vous avez cent fois raison, mademoiselle!
 Et je ferais bien mieux d'être amoureux de vous.

IO décembre.