Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/131

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EN 1869 ==


Vous me dites :

— Pourquoi cet éternel courroux ?
Le ciel n’est pas autant en colère que vous.
Est-ce que ce forfait qui vous indigne, empêche
Le soleil de mûrir le raisin et la pêche
Et de verser la vie et la lumière àux bois
Pleins d’éblouissements, de parfums et de voix ?
Est-ce que, renonçant à.la molle verdure,
Depuis vingt ans bientôt que cet empire dure,
Les arbres ont cessé de croître un seul instant ?
Est-ce qu’en son labeur le chêne haletant,
Las d’ajouter sans fin des branches à des branches,
S’est arrêté, disant : Ramiers, colombes blanches,
Bouvreuils, allez-vous-en, je ne veux plus de vous,
J’ai fini ! Quel est donc, sous le ciel calme et doux,
Le lilas qui s’abstient, le hêtre qui retire
Son murmure à Virgile et son ombre à Tityre ?
Quel frêne a pris parti pour vous ? quel peuplier
S’est dispensé de vivre et de multiplier ?
Contre Aman Bonaparte et pour vous Mardochée,
Quelle branche de saule ou d’ormeau s’est fâchée ?