Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/139

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été ;
Et l’on voit dans les fleurs et l’on voit dans les âmes.
César rêve, entouré de parfums et de flammes.
Le soir, on fait errer des orchestres sûr l’eau ;
Diane en marbré avec la lune en son halo
Mêlent leur regard chaste à la tiède soirée ;
L-’eau par les coups de rame est ’mollement moirée ;
La voix du rossignol, la flûte dé Ttilou ",
Alternent, et l’on chante un refrain’ andalou,
L’air se tait, toute l’ombre écoute la. fanfare,
Et le daim qui buvait au lac sombre, s’effare.

H. H.

II

Soit. Entre ce deuil morne et ce joyeux azur,
La différence est grande. Oui. Mais es-tu bien sûr,
Dis, que ce ne soit pas au fond le même abîme ?
Et que, dans cette cour qui croit être une cime,
Parmi ces femmes, chœur de déesses, beautés
Qui, mêlant aux rayons de César leurs clartés,
Visibles à travers de majestueux voiles,
Enferment ce soleil dans leur cercle d’étoiles,
Parmi ces déités, reines au front charmant,
Qui semblent faites d’aube et d’éblouissement,
Puisant à pleines mains dans l’or, dans la fortune,
Dans la toute-puissance, il n’en est pas plus d’une
Qui, toute rayonnante en ce royal palais,
Si tu l’interrogeais et si tu lui parlais,
Sous ton œil froid chassant toute pensée oblique,
Répondrait, elle aussi : Je suis fille publique.

H. H. 10 décembre.