Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/154

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LVIII 2 JANVIER 1870


Nous devenons bon prince et nous changeons de sphère.
L’empire est libéral. Diable ! qu’allons-nous faire
De tous les vieux grédins du coup d’état ? Jésus !
Les vendre ? quel rabais ! comme on perdrait dessus !
Le Deux-Décembre est mort. Le Deux-Janvier l’enterre.
Ils sont tous là, Piétri, -Fleury ; bon militaire,
Quentin-Bauchart, Haussmann, en pleurs, les goussets pleins.
Hélas ! irons-nous perdre aux bois ces orphelins ?
La forêt dé Bondy pourrait les reconnaître.
Mais eux, quel abandon ! Pourquoi Dieu fit-il naître
Tous ces pauvres coquins dont pas un n’est répu,
Puisqù’il voulait jouer au crime interrompu !
L’esclave usé n’est point d’une bonne défaite :
Un vieux préfet orné de sa vieille préfète
Fait aux passants l’effet d’un ancien falbala.
On ne vend point Rouland comme on vendrait Lola.
Ferez-vous acheter bien cher par le Khédive
Suin mirant aux lacs bleus sa beauté ’maladive ?
Rouher en femme, certe, aurait beaucôup d’appas,
Mais faites-moi sultan ; et je n’en voudrai pas.
Faut-il mettre au sérail ou bien mettre à la broche
Cette grasse blancheur qui s’appelle Baroche ?