Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/344

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Dans ces heures où Dieu donne ou reprend la flamme,
Où le soleil revient ou s’en va comme une âme,
Où tout est solennel,
Où pour se transformer l’ordre éternel s’arrête,
Où le jour et la nuit luttent sur notre tête
A qui prendra le ciel ;

Le monde est en suspens. Quiconque pense ou rêve
Sait que l’heure où tout change est l’heure où tout s’achève,
Que l’espoir est menteur ;
Et l’esprit qui se penche alors sur la nature
Y sent de toutes parts ployer la créature
Devant le créateur !

Car on touche à la crise où tout peut se suspendre,
L’essieu peut se briser, le ressort se détendre,
Le flambeau s’éclipser.
Dans tous les coeurs se dresse un spectre affreux : PeuT-ÊTRE !
Le souffle qui passait et qui faisait tout naître
Peut ne plus repasser !