Aller au contenu

Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Qui, lâchés dans la nuit des évènements sombres,
Ont pour succès la chute effrayante de tout,
Peuple, ne savent rien, sinon qu’ils sont debout.
Cette ignorance-là, dans la toute-puissance
Et l’ombre, est une sorte affreuse d’innocence.
Ils ont, dans le scrutin qui termine tout ça,
Don Quichotte contre eux, pour eux Sancho Pança.
Régnons. Le repentir ? quel est ce parasite ?
Le remords pour eux, c’est un fâcheux qui visite
Mal. à propos les gens et qui fait qu’à son pas
On s’esquive, et l’on dit aux valets : N’ouvrez pas !
On dort, on est chez soi. — Qui va là ? quelqu’un sonne ?
— C’est votre crime. — Bien. Je n’y suis pour. personne.
Même quand leur destin échoue au but fatal,,
Ces âmes-là n’ont point conscience du mal,
Et l’expiation n’est qu’une petitesse
De Dieu qui veut un peu molester une altesse.
Est-ce qu’ils ont commis des forfaits ? C’est selon.
Ils se sentent à peine une épine au talon.
Leur faute, si c’est là le mot, si c’en est une,
Fait tout ce qu’elle peut pour leur être importune,
Mais, fût-elle éternelle avec des ongles noirs,
Les suivît-elle avec d’effroyables miroirs,
Ils n’en ont point souci. L’on jase, on crie, on glose,
Qu’importe ! Tout cela vraiment n’est pas grand’chose.
Des épithètes ; monstre, horreur, canaille. Après ?
Vous leur montrez toujours, quoi ? le même cyprès.
Au fond cela finit par être une chicane.
C’est du vacarmé ; Rome ou Paris qui ricane.
Ils ont réponse à tout. Ne suis-je pas César ?
Mané Thécel Pharès trouble peu Balthazar ;
L’ardent tartare avec son four à réverbère
Peut ennuÿer, mais non déconcerter Tibère.
Faites gueuler l’Erèbe, ameutez tout le tas
Des méduses montrant le poing aux coups d’états ;
Les attentats riront ; la foudre. les effleure.
Si Dieu croit en frappant se prouver, il se leurre ;