Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome I.djvu/636

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le poëte.

Distinguons, monsieur ; il y a romantiques et romantiques.

le monsieur maigre.

Le mauvais goût, le mauvais goût.

ergaste.

Vous avez raison. Le mauvais goût.

le monsieur maigre.

Il n’y a rien à répondre à cela.

le philosophe, appuyé au fauteuil d’une dame.

Ils disent là des choses qu’on ne dit même plus rue Mouffetard.

ergaste.

Ah ! l’abominable livre !

madame de blinval.

Hé ! ne le jetez pas au feu. Il est à la loueuse.

le chevalier.

Parlez-moi de notre temps. Comme tout s’est dépravé depuis, le goût et les mœurs ! Vous souvient-il de notre temps, madame de Blinval ?

madame de blinval.

Non, monsieur, il ne m’en souvient pas.

le chevalier.

Nous étions le peuple le plus doux, le plus gai, le plus spirituel. Toujours de belles fêtes, de jolis vers. C’était charmant. Y a-t-il rien de plus galant que le madrigal de M. de La Harpe sur le grand bal que Mme la maréchale de Mailly donna en mil sept cent… l’année de l’exécution de Damiens ?

le gros monsieur, soupirant.

Heureux temps ! Maintenant les mœurs sont horribles, et les livres aussi. C’est le beau vers de Boileau :

Et la chute des arts suit la décadence des mœurs.