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LE MANUSCRIT DES MISÉRABLES.

Feuillet 9, verso. — La nomination de M. Myriel à l’évêché de D. est mentionnée dans le manuscrit par cette ligne :


L’empereur entendit parler de lui, et le nomma évêque de D.


L’incident de la rencontre de l’empereur et de M. Myriel chez le cardinal Fesch (voir p. 8) existe seulement en marge de la copie, feuillet 30.

Un point d’interrogation au crayon avant l’ajouté commençant par : « Qu’y avait-il de vrai dans les récits… ». (Voir p. 8.)

Dans cet ajouté même, ces lignes restées inédites :


Les hommes parlent souvent au hasard. Ce qui est en haut est toujours attaqué par ce qui est en bas. Un évêque est volontiers dénigré pour deux raisons, d’abord parce que c’est un évêque, ensuite parce que c’est un prêtre. Il y a des gens qui haïssent la soutane par cet esprit d’irréligion qu’on appelle philosophie, et d’autres qui haïssent la mitre par cet esprit d’envie qu’on appelle égalité. Demandez-leur le motif de cette haine, ils ne vous le diront pas. Peut-être ne le savent-ils point eux-mêmes. C’est un instinct, un sentiment irréfléchi et en apparence puéril au fond duquel, comme dans beaucoup de sentiments de ce genre, il y a un motif d’être et une raison cachée. Quoique l’expression semble bizarre, il serait peut-être très vrai de dire qu’on hait la soutane parce qu’elle est noire et la mitre parce qu’elle est blanche. La gravité et la splendeur importunent également les cerveaux médiocres.


Ce passage est rayé seulement sur la copie.


Feuillet 12, verso. — III. À bon évêque, dur évêché.

Après le passage montrant l’évêque, monté sur son âne, répondant au maire et aux bourgeois scandalisés, ces lignes :


Un moment après, il ajouta avec une sorte de gaîté gracieuse : — Ne méprisons rien ni personne, pas même les ânes. L’empereur fait son entrée dans les villes monté sur un cheval, le pape sur une mule, Dieu sur un âne.


Feuillet 25, verso. — XI. Une restriction.

Après l’alinéa concernant l’évêque et finissant par cette ligne (voir p. 53) :


…Ces trois pures lumières, la Vérité, la Justice et la Charité.


On lit ce passage modifié depuis :

Il eût été digne de lui de s’approcher en 1815 de Napoléon abandonné, menacé et penchant déjà vers un avenir sombre et inconnu. Il eût été digne de lui de comprendre, à cette époque fatale, la veille de cette catastrophe pressentie alors par tous qui s’est appelée depuis Waterloo, tout ce qu’avait de sublime et de touchant, au bord de l’abîme, l’étroit embrassement d’une grande nation et d’un grand homme.


En regard de cette citation, une mention au crayon :


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