— Il faut le mettre hors la loi.
— C’est fait.
— Il faut mettre sa tête à prix.
— C’est fait.
— Il faut offrir, à qui le prendra, beaucoup d’argent.
— C’est fait.
— Pas en assignats.
— C’est fait.
— En or.
— C’est fait.
— Et il faut le guillotiner.
— Ce sera fait.
— Par qui ?
— Par vous.
— Par moi ?
— Oui, vous serez délégué du comité de salut public, avec pleins pouvoirs.
— J’accepte, dit Cimourdain.
Robespierre était rapide dans ses choix ; qualité d’homme d’état. Il prit dans le dossier qui était devant lui une feuille de papier blanc sur laquelle on lisait cet en-tête imprimé : République française, une et indivisible. Comité de salut public.
Cimourdain continua :
— Oui, j’accepte. Terrible contre terrible. Lantenac est féroce, je le serai. Guerre à mort avec cet homme. J’en délivrerai la république, s’il plaît à Dieu.
Il s’arrêta, puis reprit :
— Je suis prêtre ; c’est égal, je crois en Dieu.
— Dieu a vieilli, dit Danton.
— Je crois en Dieu, dit Cimourdain impassible.
D’un signe de tête, Robespierre, sinistre, approuva.
Cimourdain reprit :
— Près de qui serai-je délégué ?
Robespierre répondit :
— Près du commandant de la colonne expéditionnaire envoyée contre Lantenac. Seulement, je vous en préviens, c’est un noble.
Danton s’écria :
— Voilà encore de quoi je me moque. Un noble ? Eh bien, après ? Il en est du noble comme du prêtre. Quand il est bon, il est excellent. La noblesse est un préjugé ; mais il ne faut pas plus l’avoir dans un sens que dans