VIII
LE VERBE ET LE RUGISSEMENT.
Cependant Cimourdain, qui n’avait pas encore gagné son poste du plateau, et qui était à côté de Gauvain, s’approcha d’un clairon.
— Sonne à la trompe, lui dit-il.
Le clairon sonna, la trompe répondit.
Un son de clairon et un son de trompe s’échangèrent encore.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Gauvain à Guéchamp. Que veut Cimourdain ?
Cimourdain s’était avancé vers la tour, un mouchoir blanc à la main.
Il éleva la voix.
— Hommes qui êtes dans la tour, me connaissez-vous ?
Une voix, la voix de l’Imânus, répliqua du haut de la tour :
— Oui.
Les deux voix alors se parlèrent et se répondirent, et l’on entendit ceci :
— Je suis l’envoyé de la république.
— Tu es l’ancien curé de Parigné.
— Je suis le délégué du comité de salut public.
— Tu es un prêtre.
— Je suis le représentant de la loi.
— Tu es un renégat.
— Je suis le commissaire de la révolution.
— Tu es un apostat.
— Je suis Cimourdain.
— Tu es le démon.
— Vous me connaissez ?
— Nous t’exécrons.
— Seriez-vous contents de me tenir en votre pouvoir ?
— Nous sommes ici dix-huit qui donnerions nos têtes pour avoir la tienne.
— Eh bien, je viens me livrer à vous.
On entendit au haut de la tour un éclat de rire sauvage et ce cri :
— Viens !
Il y avait dans le camp un profond silence d’attente.
Cimourdain reprit :
— À une condition.