Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome VII.djvu/346

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Nous voyons les marées de l’eau ; nous ne voyons pas les marées de l’air. L’atmosphère a, comme l’océan, son flux et reflux, plus gigantesque encore, et montant, tumeur énorme, vers la lune.

L’unité engendrant la complication, c’est la loi des lois.

Le mécanisme de l’atmosphère est simple.

Une libration s’établit entre l’électricité atmosphérique et le magnétisme tellurique.

Les tropiques sont des bouilleurs, les pôles sont des condensateurs ; le resserrement égale la dilatation ; un versement se fait d’en haut par l’équateur, et une restitution se fait d’en bas par les pôles. Ce va et vient, c’est le vent.

Toute la nature est un échange.

Deux cercles de vent, l’un polaire, l’autre équatorial, évoluent éternellement autour du globe.

Sous ce double anneau tournant, la terre roule.

Vision colossale.

La rencontre à angle droit des deux cercles de vent heurte et casse l’atmosphère, et y fait ces fractures que nous appelons les orages.

De ces fractures sortent des tourbillons. Le premier obstacle que les tourbillons rencontrent leur imprime le mouvement giratoire. Une pierre au milieu de l’eau, comme le pic de Ténériffe, ou même comme î’écueil Douvres, suffit. Ils s’en vont en spirale à travers l’espace et traînent la mer dans leurs anneaux. Un cyclone tord un vaisseau à trois ponts comme une laveuse tord un linge. Qu’on se figure un gigantesque serpent d’air, haut d’une lieue et long de trois ou quatre cents lieues, tournoyant avec une vitesse horrible sur l’océan.

Le vent maltraite la mer. La voie de fait va jusqu’à troubler ce vaste rhythme qu’on appelle la marée. Les flots bourrelés s’insurgent. De longs nuages, vessies électriques, se gonflent, et, h un renflement difforme, on devine dans leur flanc la foudre prisonnière comme la bête morte dans le ventre du boa. L’écume ruisselle à mille plis sur les reins de l’écueil comme