Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/128

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CROMWELL, à l’envoyé suédois.
Votre nom ?
Se tournant vers les vaudois qui se retirent au fond de la salle.
En tout temps comptez sur nous, vaudois !

L’ENVOYÉ DE SUÈDE, s’inclinant.
Filippi. Mon pays, Terracine ; et je dois

Mettre au pied d’un héros ce don que lui destine
L’auguste majesté de ma reine Christine.

Il dépose devant Cromwell un petit coffret à cercles d’acier poli, et lui remet une lettre que le Protecteur passe à Stoupe.
Bas à Cromwell.
Sa lettre vous dira par quel ordre et pour qui

Fut dans Fontainebleau tué Monaldeschi.

CROMWELL.
De cet ancien amant elle s’est donc vengée ?
L’ENVOYÉ, toujours à voix basse.
Mazarin a permis que ma reine outragée

Jusqu’au sein de la France enfin l’exterminât.

CROMWELL, bas à Whitelocke.
De l’hospitalité pour un assassinat !
L’ENVOYÉ, poursuivant.
Ma reine, qui du trône elle-même s’exile.

Près du grand Protecteur sollicite un asile.

CROMWELL, surpris et mécontent.
Près de moi ? — Je ne puis répondre sans délais…

Pour une reine ici l’on n’a point de palais.

DON LUIS DE CARDENAS, à part.
On en aura bientôt pour un roi.
CROMWELL, après un moment de silence, à Filippi.
Qu’elle reste
En France. — Aux rois déchus l’air de Londre est funeste.