Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/196

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RICHARD CROMWELL.
Je sais tout ! — Mais tenez, ne me dénoncez pas.
LORD ROCHESTER, surpris, à part.
Comment ! — J’allais lui faire une même prière.

Que dit-il ?

RICHARD CROMWELL.
Je suis né d’humeur aventurière.
J’ai des amis partout ; et j’ai bu ce matin

Avec des cavaliers, comme vous, puritain !
À quoi vous servira d’aller dire à mon père
Que son fils avec eux trinquait dans ce repaire,
Et pour un peu de vin, que même j’ai mal bu.
Me faire comme un bouc chasser de la tribu ?

LORD ROCHESTER, à part.
Je suis sauvé !
RICHARD CROMWELL.
Je sais, l’ami, qu’en toute affaire
Mon père aime à savoir ce qu’on peut dire et faire.

Mais est-ce de complots que nous nous occupions ? —
Car vous êtes, mon cher, un de ses espions !
Ah ! je devine tout !

LORD ROCHESTER, à part.
Oui vraiment ! il devine !
Qu’en ce rôle de saint mon adresse est divine !

On me prend, tant j’en ai bien saisi la couleur.

L’un, pour un espion ; l’autre, pour un voleur !
Haut à Richard en s’inclinant.
Mylord, c’est trop d’honneur que me fait votre grâce !
RICHARD CROMWELL.
De mon père quinteux sauvez-moi la disgrâce.

Promettez-moi, — je suis de nobles d’or pourvu, —
De taire au Protecteur ce que vous avez vu
Ce matin.

LORD ROCHESTER.
De grand cœur.