Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/208

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GIRAFF, gravement.
Tu crois qu’il t’a lâché ? Pour qui prends-tu Cromwell,

Notre roi temporel et chef spirituel ?

GRAMADOCH, à Giraff.
Est-ce, pour être diable, assez d’avoir des cornes ?

À ce compte, Giraff, l’enfer serait sans bornes.

ELESPURU.
Sur dame Élisabeth Cromwell, un tel soupçon !
GRAMADOCH.
Écoutez. Les français ont fait cette chanson :
Il chante.
Par deux portes, on peut m’en croire,

Les songes viennent à Paris,
Aux amants par celle d’ivoire,

Par celle de corne aux maris.

Cromwell me fait porter sa queue ; eh bien ! sa femme
Lui fait porter, à lui, ses cornes.

TRICK.
C’est infâme,
Messires ! vos propos méritent le gibet.

Je suis le chevalier de dame Élisabeth.
Pour l’honneur de Cromwell et pour le sien je plaide.
Je m’en fais le garant sans crainte ; elle est si laide !

GRAMADOCH.
C’est juste. Je mentais, je ne puis le celer.

Quand on n’a rien à dire, on parle pour parler.
Pour moi, je crains l’ennui qui me rendrait malade.

Et je vais à l’écho chanter une ballade.
Il chante.
Pourquoi fais-tu tant de vacarme,

Carme ?
Rose t’aurait-elle trahi ?

— Hi !