La candeur d’une enfant, son œil naïf, sa voix.
Font trembler ce Cromwell, l’épouvante des rois !
Devant sa pureté toute ma force expire.
Dois-je persévérer ? Dois-je saisir l’empire ?
Prosterné sous le trône où je serais assis,
Le monde se tairait : — mais que dirait Francis ?
Que dirait son regard, doux comme sa parole,
Et qui m’enchante encore alors qu’il me désole ?
Chère enfant ! que son cœur saurait avec effroi
Que je suis régicide, et que j’ose être roi !
Dans sa province obscure il faut qu’on la renvoie.
Au but de mon destin sacrifions ma joie.
Privons mes derniers ans de ses soins que j’aimais.
N’attristons pas surtout, ne détrompons jamais
Le seul être qui m’aime encor, sans ma puissance.
Et dans le monde entier croie à mon innocence !
Ange heureux ! que mon sort ne touche pas au sien !
Bon père ! il m’aime tant !
J’ai, grâce à leur pouvoir, su rendre moins austères
Une duègne damnée et de saints mousquetaires.
La duègne a cédé vite ; et je croyais d’abord
Moins tendres ces soldats, piliers du Mont-Thabor.