Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/398

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PREMIER BOURGEOIS.
Quoi ! c’est un soldat, je crois ?

DEUXIÈME BOURGEOIS.
Qu’a-t-il à remontrer aux femmes des bourgeois ?
LE SOLDAT, aux bourgeois.
Taisez-vous, femmes !
LES BOURGEOIS.
Nous, des femmes ?

LE SOLDAT.
Oui, des femmes !
Vous, plus qu’elles encor !
Montrant les femmes.
Ce sont de pauvres âmes ;
Mais que dire de vous, qui ne les surpassez

Qu’en airs de folle joie et qu’en ris insensés ?

OVERTON, frappant sur l’épaule du soldat.
Bien ! — On vous a sans doute abreuvé d’injustices,

Mon brave ? — Comme nous, après de vieux services,
On vous a réformé ? privé de votre emploi ?

LE SOLDAT.
On fait bien plus encore ; on veut régner sur moi !
OVERTON, à la foule.
Il a raison, amis ! En effet, est-ce l’heure

De rire, quand Dieu tonne et quand Israël pleure ?
Quand un homme, opprimant ceux qui l’ont protégé,
Vient imposer un trône au peuple surchargé ?
Quand tout aigrit les maux que l’Angleterre endure ?

PREMIER BOURGEOIS.
C’est bon. — Mais le soldat a la parole dure.
La foule grossit peu à peu. — Entre l’ouvrier Nahum.