Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/436

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CROMWELL.
Soyez unis. — Que dirions-nous
De voir qu’une moitié sans l’autre soit partie ?
À dame Guggligoy.
Suivez votre mari.
Dame Guggligoy prend le bras de Rochester,
qui se résigne douloureusement.

LORD ROCHESTER, a part.
Wilmot ! quelle amnistie !
N’es-tu pas des plus sots et des plus châtiés ?

Vois le grotesque effet que font tes deux moitiés.
L’une avec cet habit, l’autre avec ce visage !
Et Francis qui nous voit ! Ah ! j’en deviendrai sage !

CROMWELL, désignant du doigt sir William Murray
dans le groupe des cavaliers.
Murray, va recevoir le fouet qu’a mérité,

Pour ce complot d’enfant, pauvrement avorté,

Charles, vulgairement nommé prince de Galle.
Applaudissements du peuple. — Des archers et des valets de justice s’emparent de Murray, qui se cache le visage dans les mains et paraît accablé de honte et de désespoir. — Cromwell s’adresse au rabbin.
Ce juif, qui du gibet eût orné l’astragale,
Est libre… —
Manassé relève la tête avec joie. — Cromwell poursuit,
se tournant vers Barebone placé à côté du trône.
Seulement, pour racheter sa chair,
Barebone, il paiera ton mémoire.
Barebone tire de sa poche un long parchemin qu’il remet à Manassé.

MANASSÉ, examinant le mémoire.
C’est cher.

CROMWELL, aux autres prisonniers.
Vous êtes libres tous.
Les archers détachent les cavaliers.

THURLOË, bas à Cromwell.
Tous ! mais les circonstances
Sont graves…