Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/95

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CARR, s’animant de plus en plus.

Une plaie effroyable où l’on voit le papisme,
L’amour, l’épiscopat, la volupté, le schisme !
Un incurable ulcère où Moloch-Cupidon
Verse avec Astarté ses souillures !…


LORD ROCHESTER.
Pardon !

Ce n’est pas Astarté, monsieur, c’est Égérie.


CARR.

Ta bouche est un venin dont mon âme est flétrie.
Retirez-vous de moi, vous tous qui commettez
Les fornications et les iniquités !
Vous desséchez mes os jusque dans leur moelle !
Mais les saints prévaudront ! Votre engeance cruelle
Ne les courbera point ainsi que des roseaux ;
Et quand déborderont enfin les grandes eaux.
Elles n’atteindront pas à leurs pieds !


LORD ROCHESTER.

Tu radotes !

À quoi vous serviraient alors vos grandes bottes ?
S’il ne pleut point sur vous, pourquoi ces grands chapeaux ?


CARR, avec amertume.

D’un fils de Zerviah c’est bien là le propos !

En ce moment le manteau de Rochester s’entr’ouvre et laisse apercevoir son riche costume chargé de nœuds, de lacs d’amour et de pierreries. Carr y jette un coup d’œil scandalisé et poursuit :

Eh ! mais oui ! c’est un mage ! un sphinx à face d’homme.
Vêtu, paré, selon la mode de Sodome !
Satan ne porte pas autrement son pourpoint.
Il se pavane aussi, des manchettes au poing.
Couvre son pied fourchu, de peur qu’on ne le voie.
De souliers à rosette et de chausses de soie.
Et met sa jarretière au-dessus du genou !
Ces bijoux, ces anneaux, consacrés à Wishnou,