Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome II.djvu/278

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M. DE GORDES, bas.
Qu’est-ce donc qui vous trotte ainsi par la cervelle ?
Pourquoi regardez-vous si souvent de côté ?
M. de Cossé le quitte avec humeur et se trouve face à face avec Triboulet, qui l’attire d’un air discret dans un coin, pendant que MM. de Gordes et de la Tour-Landry rient à gorge déployée.

TRIBOULET, bas à M. de Cossé.
Monsieur, vous avez l’air tout encharibotté !
Il éclate de rire, et tourne le dos à M. de Cossé, qui sort furieux.

LE ROI, revenant.
Oh! que je suis heureux ! Près de moi, non, Hercules

Et Jupiter ne sont que des fats ridicules !
L’Olympe est un taudis ! Ces femmes, c’est charmant !
Je suis heureux ! Et toi ?

TRIBOULET.
Considérablement.
Je ris tout bas du bal, des jeux, des amourettes.

Moi je critique, et vous, vous jouissez. Vous êtes
Heureux comme un roi, sire, et moi, comme un bossu.

LE ROI.
Jour de joie où ma mère en riant m’a conçu !
Regardant M. de Cossé, qui sort.
Ce monsieur de Cossé seul dérange la fête.

Comment te semble-t-il ?

TRIBOULET.
Outrageusement bête.

LE ROI.
Ah ! n’importe ! excepté ce jaloux, tout me plaît.

Tout pouvoir, tout vouloir, tout avoir ! Triboulet !
Quel plaisir d’être au monde, et qu’il fait bon de vivre !
Quel bonheur !

TRIBOULET.
Je crois bien, sire, vous êtes ivre !

LE ROI.
Mais là-bas j’aperçois... Les beaux yeux ! les beaux bras !