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Scène V.

L’HOMME, seul.

La chose est bien arrangée ainsi. J’avais besoin de quelqu’un de jeune et de fort qui pût me prêter secours, s’il est nécessaire. Ce Gilbert est ce qu’il me faut. — Il me semble que j’entends un bruit de rames et de guitare sur l’eau. — Oui. (Il va au parapet.)

On entend une guitare et une voix éloignée qui chante.

Quand tu chantes, bercée
Le soir entre mes bras,
Entends-tu ma pensée
Qui te répond tout bas ?
Ton doux chant me rappelle
Les plus beaux de mes jours… —
Chantez, ma belle,
Chantez toujours !

L’HOMME.

C’est mon homme.

LA VOIX.
Elle s’approche à chaque couplet.

Quand tu ris, sur ta bouche
L’amour s’épanouit,
Et le soupçon farouche
Soudain s’évanouit.
Ah ! le rire fidèle
Prouve un cœur sans détours…
Riez, ma belle,
Riez toujours !

Quand tu dors, calme et pure,
Dans l’ombre, sous mes yeux,
Ton haleine murmure
Des mots harmonieux.
Ton beau corps se révèle
Sans voile et sans atours…
Dormez, ma belle,
Dormez toujours !

Quand tu me dis : Je t’aime !
Ô ma beauté ! je croi…
Je crois que le ciel même
S’ouvre au-dessus de moi !
Ton regard étincelle
Du beau feu des amours…
Aimez, ma belle,
Aimez toujours !