Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/578

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pardonne, ô Donato ! grâce avant que je meure !
Job n'est plus. Fosco reste. Oh ! grâce pour Fosco!

Une Voix, dans l'ombre, faiblement comme un murmure.
Caïn !

Job, trouble.
On a parlé, je crois? — Non, c'est l'écho.
Si quelqu'un me parlait, ce serait de la tombe.
Car le moyen d'entrer dans cette catacombe,
Ce corridor secret, où jamais jour n'a lui,
Aucun vivant, hors moi, ne le sait aujourd'hui ;
Ceux qui l'ont sa, depuis plus de soixante années,
Sont morts.
Il fait un pas vers le fond du théâtre.
Mes mains vers toi sont jointes et tournées,
Martyr! grâce à Fosco!

La Voix.
Caïn!

Job, se redressant debout épouvanté.
C'est étonnant !
On a parlé, c'est sûr! Eh bien donc, maintenant,
Ombre, qui que tu sois, fantôme ! je t'implore !
Frappe! Je veux mourir plutôt qu'entendre encore
L'écho, l'horrible écho de ce noir souterrain,
Lorsque je dis Fosco, me répondre...

La Voix.
Caïn!
S'affaiblissant comme si elle se perdait dans les profondeurs.
Caïn! Caïn!

Job.
Grand Dieu ! grand Dieu ! mon genou plie.
Je rêve... — La douleur, se changeant en folie,
Finit par enivrer comme un vin de l'enfer.
Oh ! du remords en moi j'entends le rire amer.
Oui, c'est un songe affreux qui me suit et m'accable.
Et devient plus difforme en ce lieu redoutable.
O sombre voix qui sort du tombeau, me voici.
A quelle question dois-je répondre ici?