Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/582

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joignant les mains vers le ciel.
Sois béni, mon Dieu ! Je le rêvais.
Mais en lui tout est noble, il n'a rien de mauvais ;
Tu comptes follement sur mon Otbert...

Guanhumara
Ecoute.
Tu marchais au soleil, j'ai fait la nuit ma route.
Tu ne m'as pas senti m'avancer en rampant.
Eveille-toi, Fosco, dans les plis du serpent! —
Tandis que l'empereur t'occupait tout à l'heure,
J'étais chez Régina, j'étais dans ta demeure;
Elle a bu, grâce à moi, d'un philtre tout-puissant ;
J'étais seule avec elle... — et regarde à présent !
Entrent par le fond de la galerie à droite deux hommes masqués, vêtus de noir et portant un cercueil couvert d'un drap noir, qui traversent lentement le fond du théâtre. Job court vers eux. Ils s'arrêtent.

Job.
Un cercueil!
Job écarte lé drap noir avec épouvante. Les hommes masqués le laissent faire. Le comte lève le suaire et voit une figure pâle.
C'est Régina.
Régina!
A Guanhumara.
Monstre ! tu l'as tuée.

Guanhumara
Pas encore. A ces jeux je suis habituée.
Elle est morte pour tous; pour moi, comte, elle dort.
Si je veux...
Elle fait le geste de la résurrection.

Job.
Que veux-lu pour l'éveiller?

Guanhumara
Ta mort.
Otbert le sait. C'est lui qui choisira.
Elle étend sa main droite sur le cercueil.
Je jure,
Par l'éternel ennui que nous laisse l'injure,
Par la Corse au ciel d'or, au soleil dévorant,
Par le squelette froid qui dort dans le torrent,