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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/75

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FABIANI.

Juste ciel ! — Mais on ne représente pas le poignard avec lequel cet homme voulait, dit-on, frapper la reine. Où est le poignard ?

LORD CHANDOS.

Le voici.

GILBERT, à Fabiani.

C’est le vôtre. — Vous me l’avez donné pour cela. On en retrouvera le fourreau chez vous.

LE LORD CHANCELIER.

Comte de Clanbrassil, qu’avez-vous à répondre ? reconnaissez-vous cet homme ?

FABIANI.

Non.

GILBERT.

Au fait, il ne m’a vu que la nuit. — Laissez-moi lui dire deux mots à l’oreille, madame ; cela aidera sa mémoire. (Il s’approche de Fabiani.) — Tu ne reconnais donc personne aujourd’hui, mylord, pas plus l’homme outragé que la femme séduite ? Ah ! la reine se venge, mais l’homme du peuple se venge aussi. Tu m’en avais défié, je crois ! Te voilà pris entre les deux vengeances, mylord ! Qu’en dis-tu ? — Je suis Gilbert le ciseleur !

FABIANI.

Oui ! je vous reconnais. — Je reconnais cet homme, mylords. Du moment où j’ai affaire à cet homme, je n’ai plus rien à dire.

LA REINE.

Il avoue !

LE LORD CHANCELIER, à Gilbert.

D’après la loi normande et le statut vingt-cinq du roi Henri VIII, dans le cas de lèse-majesté au premier chef, l’aveu ne sauve pas le complice. N’oubliez point que c’est un cas où la reine n’a pas le droit de grâce, et que vous mourrez sur l’échafaud comme celui que vous accusez. Réfléchissez. Confirmez-vous tout ce que vous avez dit ?

GILBERT.

Je sais que je mourrai, et je le confirme.

JANE, à part.

Mon Dieu ! si c’est un rêve, il est bien horrible !